UNE SOIREE A L'HOPITAL
Comme bien souvent ces jours ci il s'agissait bonnement d'entourer Meziane à l'hôpital, faire que le temps lui paraisse moins long après la pose d'une prothèse de genou qui a le mérite de lui redonner le sourire, et juste un soir comme bien d'autres...
Mais c'était sans compter sans l'esprit inventif du meilleur d'entre nous, celui dont la force de caractère est un plein d'élévation et de noblesse, un homme de coeur courageux à toute heure qui veut faire de sa vie sans le savoir un idéal à atteindre.
D'aucuns auront déjà reconnu Rabah qui a entrainé notre cousin Amar qui sait lui si bien partager avec nous les souvenirs d'autrefois, tellement des espoirs, des joies, et des tourments d'une époque révolue mais qu'il arrive à faire à nouveau sourire.
Pour ma part je suis arrivé à six heures avec un couscous fait maison, heureux de voir que Malik se souvenant du trajet qui a fait ce que nous sommes était déjà là, avec sa tête des bons jours, lui qui a si souvent été tendu, et jamais au repos.
Dans la foulée Sadek nous a rejoint, la chose ayant été rendue possible par un jour férié qui le libère, car comme dit toujours Amar en souriant il continue de creuser son sillon, et la société autant que les temps qui changent lui pèsent plus que jamais.
Noureddine le visage écarlate comme à son habitude et la tête toujours haute à envahi la pièce, tout juste suivi d'Ali tout heureux de voir que ce soir encore il ne serait pas seul et surtout qu'il pourrait partager quelques instants et ses soucis de téléphone.
Meziane s'est débarrassé du plateau repas de l'hôpital et s'est attelé à ce que mon épouse avait concocté l'après midi, mais juste après quelques cuillerées il repoussait le tout, me vexant presque tel si cela n'était pas à son gout, trop de sel peut-être ?
On est venu nous dire que nous faisions trop de bruit à deux reprises, qu'il nous fallait rejoindre l'étage quatre pour ne point déranger, et nous avons suivi à la queue leu leu notre malade, au pas devenu bien plus alerte que jamais vers l'ascenseur.
La véritable soirée, je devrai dire fête a commencé car Amar, Meziane et ce cher Rabah nous avaient piégés et organisés une réception à laquelle nous ne nous attendions pas, une table garni de mets auxquels nous allions faire honneur.
Ce fut un ravissement avec un trop plein de souvenirs en sus, et tout le monde a tombé l'armure, nous retournions très simplement au temps ou les péripéties des uns et des autres nous ont rempli d'émotions retrouvées et rafraichissantes.
Rabah a fait l'éloge d'Amar, et notre oncle Hamed Amar encore l'unanimité comme de bien entendu, des anecdotes heureuses et ignorées pour la plupart en refaisant surface, nous ont rapprochées et mis de la tendresse dans les regards.
Nous avons moqué certains, évoqué d'autres et les années bonheur ont envahi le réfectoire, nous rappelant à quel point nos racines communes étaient gravées dans notre plus profond malgré nous, et désiraient ces tendres retrouvailles.
Noureddine me ramenait à notre oncle Mohand Cherif, l'ainé de nos aïeux, que j'ai connu et aimé plus que tout, c'était en 1969 à Egrenzka je crois bien, et tant sa descendance dont certains sont près de nous mais tellement rares à la fois.
J'ai compris à ces instants à quel point nous nous manquions, et que les hasards ne sont que des prétextes à reconsidérer nos chemins de vie, car il n'est jamais trop tard pour bien faire comme dit Rabah qui répète si souvent combien Farid manque.
Cela a été rendu possible du fait que d'aucuns ne sont plus en activité, et que les doutes et les peurs qui angoissaient le quotidien ne sont plus que des occasions à rire et nous moquer de nous-mêmes, demander pardon d'avoir été ceux-là.
Merci à Amar et Rabah de la fraicheur et la spontanéité qui rend bien des choses possibles, et aussi à Meziane qui fédère naturellement les uns et les autres de par son charisme, nous étions très simplement bien ce soir, comme autrefois !
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