LES PENOMBRES DE TON COEUR


Je te sais aux prises avec les insoutenables échos du passé, tout autant que dans la tendresse des souvenirs, en une vie qui ne semble jamais se finir, et te laisse depuis des années comme suspendue à une falaise... 

Ces derniers temps on ne se dit rien mais nos yeux se parlent, et ton regard empli d'une démence douce semble retrouver le mode d'emploi de la tendresse, dans les pénombres de ton coeur je retrouve le plaisir simple d'être ensemble.

Il nous reste les baisers dont naissent les larmes, et les instants qui commencent à prendre la forme du plus jamais, tant il suffit d'être face à l'immobilité pour se faire une idée de l'amertume à se retrouver dans le décor de la vieillesse.

La maladie est venue évacuer de toi le tintamarre et la folie des années passées, des souvenirs qui ne t'oublient jamais, tu as vécu de peurs et des pressentiments qui t'ont déracinée de l'instant, un rapport au temps qui n'a été que soumission.

Je te vois de plus en plus souvent en vacance de toi-même, en des conversations orphelines dans lesquelles tu peux sourire et souffrir en même temps, et nous qui ne pouvons plus guère que partager les silences de tes yeux océan.

Nous surprenons dans tes propos diffus les pleurs et les cris que tu étouffais par dignité, car il ne fallait jamais que l'on sache et cette pensée douloureuse de ce que les autres vont dire qui n'a fait que s'aggraver avec le temps.

Se sera dur de faire sans toi, tu es là depuis toujours et l'étrange sourire sur ton visage, là ou le coeur commence est une passion qui doit se terminer, tellement je vois depuis toujours dans tes yeux la vraie nature d'une certaine tristesse.


   Ton regard myosotis est depuis l'enfance gravé dans mon coeur maman.

La vie défile dans les regards de ceux qui sombrent dans le néant, et je me rends compte que je n'ai pas vraiment eu le temps des mots que j'aurais voulu te dire, et que nous n'avons jamais réussi à être ensemble dans la vie.

Après tant d'années cela reste si émouvant pour moi  de repenser à la période ou nous étions tous les trois et seuls au monde, quand d'une main tu pouvais chasser notre désespoir car une mère peut aimer sans avoir le temps pour les mots.

Nous sommes au bord de ta vie qui s'effondre, et qui tente de se débrouiller dans un brouillard absolu, l'aisance sournoise d'une agonie encore encombrée de tes frustrions d'hier, il faudrait pouvoir finir de vivre sans se souvenir.

la réalité glissante et maladroite fait de toi un rêve que j'ai fait mais dont je ne me souviens plus, et de nos ultimes et pathétiques regards l'essentiel qui nous échappera toujours car il est combien difficile de sortir de l'enfance.

    " On aime sa mère presque sans le savoir, et on ne s'aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière."

Guy de MAUPASSANT

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