LA VIE D'APRES...
Il me plait d'écouter le silence dés l'aube, le simple frémissement des feuilles qui s'accrochent vainement avant de sombrer avec toutes les autres, et me sentir en vie d'une façon merveilleuse, tellement plus rien ne saurait ternir ma quiétude...
Quand rien ne bruit au dehors et le calme la seule présence que supportent les rues de nos villes, je comprends à quel point l'homme est un abime pour la nature, qui le subit en se demandant pourquoi il n'apprécie d'elle que si peu.
Il suffit de nous arrêter sur la quiétude d'un ciel aux embruns rouge et or, un vent en brise légère qui se laisse caresser, et un temps qui a plaisir à se figer auprès de nous pour que nos pensées soient autres, et bien loin de tant de brouhaha.
J'ai su me réparer aux petits matins de solitude qui me voient converser avec mon moi profond, car à présent j'en ai le loisir et si je donne du temps au temps, à tous ceux qui m'entourent, c'est pour me draper de ce qui hier m'a bien manqué !
Un rien me réjouit et chaque instant s'avère à vivre comme s'il était le dernier, ou un regard diffèrent sur ce qui a toujours été là et que je ne voyais guère, obnubilé que j'étais par une réussite qui m'a laissé bien des relents d'amertume.
Je veux sourire au clair de jour et à mes petits enfants pleins de vie qui me portent et m'entrainent dans l'univers qui me rappelle que l'essentiel est dans les instants devant nous, que les enfants perçoivent avant d'être happés par le notre.
Et découvrir des membres de notre famille oubliés que le travail m'a fait négliger, les nouvelles têtes que je découvre et sentent bon le renouveau tout en étant axées sur des valeurs certaines et immuables qui me font faire un retour en arrière.
Mais le plus marquant de ma vie d'après c'est que je puis vaquer à des choses sans importance et qui deviennent essentielles car le temps m'appartenant désormais je puis le consacrer à ce qui hier me semblait juste des futilités.
" Le temps qui passe est un ami précieux qui nous dépouille du superflu."
Christian BOBIN