UN CHEMIN DE VIE SUBLIME...


On ne guérit jamais des blessures que nous inflige l'enfance, on se contente de survivre et de résister pour exister, ou comme mon oncle on se fixe pour idéal les siens avec lesquels on partage ce qui nous tient le plus à coeur...

D'une vie hors norme aussi pénible qu'ingrate, malgré beaucoup de souffrances et bien des manques il ne laisse jamais percer ses failles, mais arbore toujours l'humeur conquérante de ceux qui ont facilement su faire face à l'adversité.

Il a une manière bien à lui de symboliser un temps ou l'on s'aimait et vivait les uns pour les autres afin de donner un sens à la vie, même si à présent la sienne semble s'évanouir, il n'en demeure pas moins qu'il a encore les yeux pleins de rêves.

Il est l'homme qui ne semble pas vieillir mais juste prendre des années, qui raconte le passé avec une nostalgie et une tendresse touchante, et qui d'une vie chargée en émotions ne retient que la légèreté mélancolique des instants qui l'ont fui.


Mon oncle Hamed, en patriarche heureux entre son petit fils et son arrière petite fille.

Hier je l'ai observé discrètement il semblait si silencieux, préférer l'ombre à la lumière comme si ceux qui le connaissaient n'étant plus là, il se rendait invisible alors qu'il émane plus que tout de lui un être qui se désole du naufrage de notre monde.

Car il comprend que s'en sont allés ceux dont le caractère ne pardonnait jamais les manquements, que l'époque ou un petit gars timide mais débrouillard pouvait s'imposer sans avoir à nourrir une rancœur éternelle était déjà bien trop loin.

Il a la mémoire du siècle et de tous ceux qui ont guidé ses pas, ceux qu'il se choisit pour pailler à l'absence d'un père parti trop tôt, le laissant en proie aux doutes qui jalonnent les temps orphelins et la mère dont les larmes étaient des brisures.

De l'enfance il ne sait rien sinon la faim qui tiraillait les petits et le désespoir qui surnageait malgré l'envie d'être un rempart pour les siens, tant il n'avait que la solitude pour compagne et la sourde ingratitude d'être l'ainé des garçons.

Il sourit au souvenir d'un poêle pour faire la cuisine et se chauffer, des hivers ou il ne pensait jamais à lui car après sa fratrie il y a eu une ribambelle d'enfants en devenir qui ne de devaient pas revivre ce que lui même avait eu à vivre.

J'aime écouter le fleuve de ses paroles, et ces conseils d'un autre temps auréolés d'anecdotes dont chaque détail est l'occasion d'un sourire car il est fier de conter des souvenirs qui pour la plupart datent d'avant même ma naissance.

Après une nombreuse fratrie, il a élevé bon nombre de leurs enfants, et puis sont arrivés les petits enfants qui lui permettent d'autres joies, et surtout au bonheur d'être un arrière grand-père rayonnant.

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