C'EST LA VIE QUI NOUS CHOISIT



 Il aura suffi que l'on ramène ma mère à son village natal pour que je me sente celui qui a toujours erré sur la terre d'autrui, qui même s'il pense, rêve, et écrit en langue française, n'est que dans un entre-deux ou il est banni du présent comme du passé.

j'ai si souvent eu le regard un peu étranger qui hésite et tâtonne dans une démarche un peu fragile entre tendresse et oubli quant à la mémoire de l'essentiel et des tous premiers pas, celui pour qui le passé et l'avenir seront à tout jamais une même peine.

Quand on grandit avec des illusions qui s'évanouissent et qu'à la douleur du silence s'ajoute celle du vide, lorsque la terre natale n'est que trop magnifiée par la fuite constante dans l'imaginaire, c'est tel de vivre les yeux dans le vague et sans enthousiasme.

Il y a ces premiers temps de l'existence qui attachent nos mémoires à des visages, des paysages, et un ciel aux multiples couleurs qui font que même si nous sommes pétris d'une culture on peut se sentir diffèrent de celle-ci, et être juste soi dans un ailleurs.

Au soir de l'existence je suis entre rancœur et regret, dans un voyage sans fin et des peines qui se veulent le terreau des mots issus d'un tourment intérieur, de refuser les dogmes et les traditions qui obligent sans cesse à l'allégeance communautaire.

J'aime puiser au fond de moi les souvenirs vivaces empreints de l'innocence d'avant et me sens inachevé depuis toujours, mais il est écrit que chacun d'entre nous qu'il soit resté au pays ou éparpillé aux quatre coins de France traversera son désert.

Souvent je me demande qu'elle aurait été ma vie si j'étais resté dans le village natal, et quelle épouse eut été la mienne, combien d'enfants et surtout quel chemin de vie j'aurais emprunté.


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