ENFIN ...

 

 Il m'est doux de savoir qu'à ton tour tu vas pouvoir profiter d'une retraite combien méritée, te consacrer à ces priorités que sans vouloir négliger tu as remisées sur le côté car tu étais dans une guerre de toujours et tant un quotidien qui se voulait une suite de batailles à livrer jusqu'à ne plus rien savoir faire d'autre, quitte à te perdre sans que cela n'ait la moindre importance…

Déjà plus de cinq ans que j'ai quitté l'univers qui est encore pour quelques jours le tien, et en te laissant là j'ai eu la douloureuse impression de trahir une amitié qui m'a tiré vers le haut, soutenu dans mes lassitudes extrêmes, reconcilié avec mes souffrances de père qui n'étaient plus qu'un aveuglement qui me tuait à petit feu sans même que je ne m'en rende vraiment compte.

Nous avons si longtemps ensemble arpenté ces lieux qui n'étaient que de la démesure, un milieu si difficile que j'avais du mal à te découvrir là un jour, de ta seule innocence vêtue mais consciente que tu devais être résiliente autant qu'intelligente pour braver un monde hostile presque dénué d'humanité ou il n'est question que d'assoir sa suprématie en écrasant celui face à soi.

Je ne te l'ai jamais dit pour ne pas que tu te victimises outre mesure mais je t'ai admirée, surtout la manière dont tu te jouais des difficultés quitte à pleurer en dedans, survolais le machisme ambiant en faisant fi des réflexions de ceux qui n'avaient que ca pour faire valoir, avec une brutalité physique autant que verbale ils évoluaient sans se préoccuper de la faiblesse de quelques uns.

Je t'ai vue grandir et gagner en confiance, te rassurer de ma seule présence et par là même me donner une assurance nouvelle quant au fait de compter sur toi, d'échanger des informations qui ne sont que si vitales dans nos métiers pour aller de l'avant, exister pour ne pas disparaitre, grandir pour être incontournable et sentir dans les yeux des autres le respect que nous imposions à deux.

Plus que tout j'ai été fier de l'indéfectible amitié qui nous liait, et chacun étant un rempart pour l'autre nous ne pouvions qu'évoluer et cela fut le cas pour toi qui a surpris ceux qui l'avaient enterrée de prime abord, venant venger les injustices d'un licenciement abusif agrémenté de moqueries canailles, lâches abondons qui t'ont donnée plus envie encore d'en découdre quitte à tellement souffrir.

Demain à l'aune de chaque jour tu contempleras ton passé, tes doutes et tes peurs, tes craintes et aussi tes larmes devenus des lauriers, une maison vide de toi, tes pensées et ton esprit étant ailleurs mues par la même volonté de toujours de prouver que la fille d'Hélène était là et tellement là, comme donnant sa vie pour venger les infamies d'hier, les quolibets insignifiants mais tellement cruels de tous.

Et tu feras tout comme moi, sourire à la vie et à ce que tu as construit, l'essence des choses n'étant plus que ce panier de souvenirs, ces jours difficiles ou fastes qui font que tu es celle que nous aimons au delà de tout, cette femme qui le cœur en bandoulière se convainquait d'arriver au but ultime, qui n'était que le fait de moucher l'arrogance et la prétention des quelques fanfarons alentours ! 

Le ciel comme je te l'ai dit un jour ou tu n'avais pas trop le moral t'a gardé le meilleur pour la fin !

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