LE CONSULAT

 


       LE CONSULAT


   Ce 15 avril j'ai accompagné ma sœur qui souffre d'un handicap moteur au Consulat et j'en ai tiré bien des leçons, car j'ai regardé avec un œil neuf tellement d'emblée les gens se montrent solidaires, avenants et courtois aussi bien à l'extérieur de l'enceinte qu'à l'extérieur.

A l'entrée bien des mines renfrognées, impatientes et comme en colère de devoir attendre, et ce pour obtenir des papiers d'identité, une identité chèrement acquise par leurs ainés et qui soulève encore des débats en France, du fait d'une droitisation qui ne se manifeste pas  encore au grand jour.

J'ai regardé une fourmilière s'activer dans l'intérêt du plus grand nombre, réconfortant les uns et les autres, reprenant des dossiers incomplets, expliquant procédures et obligations incompréhensibles si souvent pour d'aucuns, passant d'un usager à l'autre à une cadence quasi infernale.

J'ai cessé à ce moment de comprendre nos ressentis  d'usagers pour me mettre à imaginer le temps de tout ce personnel, la vie de ces  femmes et ces hommes qui rime avec accélération et insatisfaction, nos visages fermés qui ne sourient guère,  juste pressés de quitter ce qui leur semble une prison. 

Et je me suis mis à sourire intérieurement avant que de m'ouvrir et engager des conversations avec mes voisins, faisant le temps moins long et surtout découvrant à quel point en dehors de nous bien des vies sont compliquées, chacun se confiant presque à l'étranger d'il y a un court instant.

Quelqu'un m'a raconté à quel point son épouse était handicapée, son parcours du combattant pour obtenir un appartement au rez-de-chaussée d'un immeuble, et un autre des études de Droit qui ont débouché sur tout autre chose, j'ignore comment mais j'ai compris notre exaspération ridicule.

On ne va pas au Consulat tous les jours, juste un passage obligé et nécessaire qui ne nécessite pas quelque mauvaise humeur désagréable pour tout le monde, car elle est le miroir inversé de ce que nous sommes au fond, des gens usés et fatigués  qui  nous défoulons les uns sur les autres. 

Nous devrions nous montrer fiers de ces lieux qui nous protègent, ces Consulats et ces Ambassades qui sont un lien sacré avec nos racines malgré que nous vivons l'exil depuis des générations, il n'y a  pas si longtemps de cela le drapeau algérien arboré à une façade était passible de prison.

Je me suis souvenu de l'effacement de mes parents en terre étrangère, leur façon de s'invisibiliser, de nous imposer de ne pas nous faire remarquer et du coup je me suis mis à sourire, rencontrant en d'autres regards complices une certaine empathie tel si eux aussi pensaient pareillement.

Je me suis promis que dorénavant j'irai toujours au Consulat armé d'un sourire pour raviver le souvenir de mes parents disparus, car me retrouver au sein d'un structure qui me représente  est un honneur quels que soient les inconvénients de quelques heures qui peuvent en découler. 

Ce jour là il y a eu des éléments très positifs et d'autres moins, des bureaux accueillants et d'autres qui ne l'étaient pas, mais j'ai décidé qu'en toute chose il y a le revers de la médaille, et le personnel est à notre image parfois bien dans sa peau et à d'autres empêtré dans ses difficultés propres.

    M. RAHMOUNI Mustapha  Le 15 avril  2025

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