LES SOUFFRANCES

 Au fil des jours et des conversations on apprend beaucoup des souffrances des autres, ces mêmes qui sont notre sang et notre lien avec un passé qui se fige désespérément, si ancré qu’il est entre un hier douloureux et un demain qui voudrait vivre indépendamment des souffrances que rien n’est venu distraire.

Aujourd’hui nous avons incidemment évoqué les difficultés d'un pays dont les habitants ne sortent jamais la tête de l’eau quoique l’on fasse, entre souvenirs douloureux et dénuement persistant, rancœurs et rancunes tenaces, haine viscérale sans fondement autre que l’envie et la jalousie, les mesquineries en tout genre, et tant les traumatismes des années de plomb.

Ce soir je les ai vus plus telles des victimes plutôt que les objets d’un ressentiment, celui qui m a volé des années et un temps qui ne reviendra pas mais qui me conduit à réfléchir d’une toute autre façon et à comment laisser une empreinte plus légère, tel s’il me fallait me faire pardonner une attitude étrangement confuse, un flou constant venu de si loin. 

Écouter c’est évoluer de par l’empathie qui découle de ces échanges pas calculés, ces rendez vous que le destin met sur notre route sans prévenir comme s’il voulait nous mener à tout autre chose, peut être même à notre véritable nature, celle qu’un cheminement curieux a éconduit, un exil imposé qui a fait toute la différence, et failli nous perdre. 




Je suis descendu par un chemin que la nature défait, jusqu’à ce jardin blotti au milieu des herbes hautes, qui a connu une grand mère qui fuit ma mémoire, dont je ne connais pas les caresses mais on me dit grand bien, et il m’a semblé mettre mes pas dans les siens, entendre un sourire convenu, un peu comme si elle savait que j’allais fatalement lui revenir. 

Mon coeur s’est fièrement accroché à des souvenirs absents, une mémoire qui n’a retenu que des instants malheureux, des anecdotes empruntées à ma mère aujourd’hui disparue, et les ressentis de mon aîné trop enclin à dénaturer ce passé qui l’a meurtri en faisant de lui un adulte avant l’âge, nous n’avions du père en exil que ce que nous donnait à voir l’imaginaire.

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